Aujourd’hui, nos régions et tous les espaces doivent être considérés comme un ensemble. Nous devons nous adapter à des impacts globaux.
Les changements climatiques : état des lieux
Ces dernières années (1995-2017) figurent parmi les douze années les plus chaudes depuis 1850, date à laquelle ont débuté les relevés instrumentaux de la température moyenne de surface, laquelle a augmenté de 0,76°C depuis 1850.
La couverture neigeuse et le volume des glaciers ont probablement diminué de 10% depuis la fin des années 1860 et le niveau de la mer a augmenté de 10 à 20 cm au cours du XXème siècle.
Par ailleurs, on note depuis le milieu des années 1970 une plus grande fréquence, intensité et durée, des épisodes chauds du phénomène El Nino.
Récemment encore une universitaire d’Argentine décrivait, lors du colloque Climate Chance d’Agadir, les déplacements de dizaine de milliers de personnes à l’intérieur même de l’Argentine suite au dérèglement d’El Nino et la nécessité pour un État d’affronter et d’intégrer ces bouleversements possibles de population dès à présent, ainsi que des sécheresses dans certaines régions d’Afrique et d’Asie.
Les secteurs touchés économiquement par le réchauffement climatique relèvent aussi bien du secteur marchand comme l’agriculture, la gestion de l’eau et la demande en énergie, le tourisme et l’industrie de l’assurance, que non marchand, comme l’érosion côtière, la biodiversité et la santé.
Exemple de l’agriculture : secteur marchand
L’agriculture est le secteur le plus touché par le réchauffement climatique, en particulier dans les pays en développement où elle occupe une place importante dans l’économie nationale. La disponibilité en eau, qui conditionne la qualité de l’irrigation des cultures, constitue ici l’un des enjeux majeurs puisqu’il semble que l’agriculture pourra s’adapter au réchauffement des températures par le choix de ses cultures si elle peut compter sur une bonne irrigation.
Selon le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), la productivité des cultures devrait augmenter légèrement dans les latitudes moyennes à élevées pour des augmentations moyennes des températures locales de 1 à 3°C selon la culture considérée, puis diminuer au-delà de ces valeurs dans certaines régions.
Aux latitudes plus basses, particulièrement dans les régions à saison sèche et les régions tropicales, le rendement agricole devrait diminuer même si les augmentations de la température locale sont faibles (1-2°C), entraînant ainsi un risque accru de famine. D’un point de vue général, on anticipe une augmentation du nombre de personnes exposées à la famine et à la malnutrition.
Des mesures d’adaptation et d’atténuation devront nécessairement être adoptées. Elles se traduiront par un coût important, notamment en ce qui concerne la modification des dates de plantation et des variétés cultivées, le déplacement des cultures, la meilleure gestion des terres par la lutte contre l’érosion et la protection des sols par le boisement, etc.
L’industrie de l’assurance
Si le nombre de grandes catastrophes naturelles a triplé depuis 1960, les pertes assurées ont parallèlement explosé pour augmenter de 15 fois en termes réels.
Les institutions financières, notamment les deux plus grandes compagnies d’assurance au monde, Munich Re et Swiss Re, ont indiqué dans une étude réalisée en 2005 par l’Association des Assureurs Britanniques que l’augmentation de la fréquence des événements climatiques extrêmes pourrait coûter environ 150 milliards de dollars E-U chaque année au cours de la prochaine décennie. Selon cette même étude, la mise en place de politiques permettant la réalisation d’un scénario de faible émission de gaz à effet de serre permettrait de réduire de 80% l’augmentation des dommages causés par les tempêtes et les ouragans.
L’environnement et la biodiversité
L’augmentation des températures entraînera de profonds changements dans les écosystèmes, avec certaines espèces qui pourraient être conduites à quitter leurs habitats, ce qui pourrait entraîner leur extinction, tandis que d’autres pourraient se développer. Selon le GIEC, une augmentation des températures à l’échelle du globe de plus de 1,5 à 2,5°C comporterait un risque d’extinction de plus de 20 à 30% des espèces végétales et animales étudiées.
Sur le plan sanitaire, les changements climatiques entraîneront une malnutrition accrue, un nombre plus important de décès, de maladies et d’accidents dus à des phénomènes météorologiques extrêmes, l’aggravation des conséquences des maladies diarrhéiques et la multiplication des affections cardio-respiratoires liées aux longues périodes de canicules associées à une dégradation de la qualité de l’air.
Le coût des mesures d’adaptation sera très important notamment s’agissant de l’adoption de plans de veille sanitaire lors des vagues de chaleur, de la mise en place de services médicaux d’urgence, de la surveillance et du contrôle accrus des maladies sensibles au climat et de la salubrité de l’eau et de l’assainissement.
Conclusion
Bien que les analyses réalisées soient encore préliminaires et la couverture internationale incomplète, on peut toutefois prévoir que le réchauffement climatique aura des impacts économiques importants dans de nombreux secteurs marchands et non marchands.
Les habitudes au travail vont changer. Les cycles de travail vont changer. Il va falloir s’adapter. Travailler la nuit, modifier les cycles de sommeil, manger à d’autres heures… Déjà les entreprises de BTP se sont adaptées à des étés plus chauds. La chaleur met en difficulté les matériels et les produits utilisés pour les travaux.